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  • Photo du rédacteurNathalie CROMBEZ D.O.

Découvrir et comprendre "l'ostéopathie viscérale"

Dernière mise à jour : 15 juil. 2021


Cet article a pour but d’apporter un éclaircissement sur ce qui est communément appelé « l’ostéopathie viscérale ». En réalité, plus qu’une forme d’ostéopathie, il s’agit surtout d’un traitement manuel que les ostéopathes peuvent effectuer au niveau des organes et de leur interaction avec le reste du corps.


En effet, une consultation ostéopathique implique une palpation, une analyse et un traitement du corps entier. Le corps « anatomique » est constitué de parties que l’on a l’habitude de considérer séparément (les os, les muscles, le dos, le ventre, etc.), pourtant ces parties sont reliées les unes aux autres et fonctionnent ensemble grâce à des interactions réciproques. Même si la problématique motivant la venue du patient ne semble pas en lien direct avec les viscères (organes internes), l’ostéopathe peut être amené à effectuer un traitement manuel au niveau des organes pendant la consultation.


Pour mieux comprendre ces interactions et ce que peut apporter un traitement viscéral, nous aborderons l’organe sous l’œil de l’ostéopathe, et donnerons des exemples concrets de ce qui peut amener à consulter un(e) ostéopathe s’intéressant aux viscères.




Les viscères sous le regard de l’ostéopathe


Un organe est constitué d’un ensemble de structures remplissant une fonction bien particulière. Les viscères sont en fait les organes internes tels que ceux de la cavité abdominale (estomac, intestin grêle, foie, vésicule biliaire, côlons, rate, pancréas, reins), ceux de la cavité thoracique (œsophage, cœur, poumons), les viscères de la loge du cou (pharynx, larynx, thyroïde, trachée), et ceux du bassin (utérus-trompes-ovaires, prostate, vessie, rectum).


L’ostéopathie se définit par son regard curieux de la complexité du corps et des relations entre ses éléments.


En effet, les organes sont en lien les uns avec les autres, et ont besoin les uns des autres pour fonctionner. Par exemple, la digestion dans les intestins est permise en partie par la bile, qui est produite par un autre organe, le foie. Au-delà de leur fonction, les organes sont aussi en lien « mécaniquement » : ils sont à la fois tenus ensemble par de grands tissus (épiploons) et suspendus aux structures osseuses (vertèbres, côtes, os du bassin) et articulaires par des ligaments puissants. Un exemple de la relation organe/os est l’apparition chez certaines femmes de douleurs tout en bas du dos pendant les menstruations.


Figure 1: relation étroite entre colonne vertébrale et système viscéral


L’organe est donc bien plus qu’une structure anatomique isolée. De plus, tous les organes s’animent du même mouvement sous le moteur de la respiration pulmonaire (diaphragme). Ils ont également besoin d’être bien vascularisés (apport en sang suffisant pour la fonction de l’organe et de ses voisins), bien drainés (système lymphatique), et bien innervés (système nerveux permettant la fonction).


Comment l’ostéopathe aborde-t-il le système viscéral ?


Un traitement ostéopathique viscéral consiste en la palpation et la mobilisation des organes et de leur environnement, et plus spécifiquement des tissus qui les unissent, dans le but de rétablir un mouvement sain et une bonne communication, à la fois d’un organe par rapport aux autres structures mais aussi des organes entre eux. Il s’agit de mobilisations douces, respectant autant que possible le principe de non-douleur et n’impliquant aucune technique interne.


Un(e) ostéopathe ne « remet » pas en place un organe, il s’intéresse à son interaction avec son environnement : c’est cela qui permettra potentiellement une amélioration de la problématique du patient. L’ostéopathe, en prenant en compte les symptômes du patient ainsi qu’une analyse des tensions entre les organes, agit sur ce qui fait le lien entre ces organes (ligaments et épiploons) pour améliorer la mobilité de ces derniers. Nous pouvons nous représenter cela comme une action de “détente” des tensions entre les organes (et entre les organes et les autres structures) afin de restituer la possibilité de mouvement de ceux-ci.


Une consultation ostéopathique peut impliquer des techniques viscérales mais sera toujours un traitement global, prenant en compte le corps et ses interactions dans son ensemble.


Figure 2 : relation entre les organes et leur environnement osseux


A quelles problématiques répond l’ostéopathie viscérale ?


Un ostéopathe peut être amené à effectuer un traitement manuel au niveau des organes dans de nombreuses situations. Voici plusieurs exemples.

Il est possible de consulter un ostéopathe en cas de troubles digestifs : reflux gastro-œsophagiens (remontées acides), constipation, diarrhée, ballonnements. C’est également le cas pour les douleurs abdominales, ou douleurs liées aux règles (bas-ventre, bas du dos ou autres localisations de la douleur).


Un suivi ostéopathique peut être pertinent en cas de Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (Syndrome de l’intestin irritable, MICI : maladie de Crohn, Rectocolite hémorragique) afin de diminuer certaines manifestations comme les douleurs, ou d’améliorer la qualité de vie ou de confort du patient en plus d’un suivi médical.


Pendant la grossesse, les organes se réorganisent totalement avec la croissance du fœtus et de l’utérus. Cela peut entraîner des perturbations du transit ou d’autres symptômes (reflux, douleurs dorsales). L’ostéopathe accompagne donc la femme enceinte, et la retrouve après l’accouchement afin d’aider son corps à retrouver un fonctionnement et une organisation normales.


Le suivi ostéopathique du bébé vise à aider son corps en développement à se remettre des contraintes liées à la grossesse et à l’accouchement, y compris sur la sphère viscérale. Cela peut être d’autant plus intéressant lorsque le bébé présente par exemple des reflux, des régurgitations ou des coliques.


Un accompagnement ostéopathique peut être utile lors de troubles du cycle, d’endométriose ou d’infertilité. Le site national de la Fécondation In Vitro recommande l’ostéopathie en accompagnement de la procédure de FIV.


Il est possible de consulter après une opération : en effet, un geste chirurgical au niveau viscéral (hernie, appendicite, cancer ou autre) entraîne une cicatrisation superficielle de la peau mais aussi une cicatrisation profonde qui peut perturber les liens entre les organes et leur environnement.


Lors d’un accident de voiture, le choc peut entraîner une projection violente des organes vers l’avant, et ainsi perturber leur fonctionnement ou provoquer des douleurs. L’ostéopathe vise à aider le corps à retrouver un fonctionnement sain et non douloureux.


Un stress chronique ou des situations émotionnelles brutales ou persistantes peuvent induire des changements dans le corps, provoquant par exemple des douleurs abdominales, des sensations d’oppression ou de gêne, qui peuvent être en partie soulagées par l’ostéopathie, par exemple en parallèle d’un suivi psychologique.


Figure 3: le diaphragme participe à la respiration et à la mobilité viscérale


* * *


Une problématique donnée peut nécessiter une ou plusieurs consultations pour trouver une amélioration significative.


L’ostéopathe est en mesure de rediriger le patient vers un médecin ou autre praticien s’il estime que son action est limitée pour ce motif précis. Rappelons que des motifs de consultation d’urgence nécessitant une réaction médicale rapide ne sont pas du ressort des ostéopathes, mais qu’ils peuvent être un soutien à des traitements médicaux classiques ainsi qu’en cas de pathologie chronique. Quoi qu’il en soit, l’ostéopathie prend place dans une prise en charge multidisciplinaire pouvant impliquer un suivi médical ou l’intervention d’autres professionnels de santé.


 

L’ostéopathie, dans son approche viscérale, vise donc à rétablir un mouvement sain et une bonne communication des organes avec le reste du corps. Cette approche globale du corps et de ses interactions est justement une des spécificités de cette discipline, et est particulièrement appropriée dans de nombreuses problématiques de santé.

 






Source des images : Richard L. Drake, A. Wayne Vogl, A. Mitchell, Fabrice Duparc, Jacques Duparc, Gray's anatomie pour les étudiants, 3ème édition. Elsevier Masson, 2015.

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